
Des chaises qui ont l’air décidé à rester vides. Nulles fesses à l’horizon, la fonction reste à la périphérie de leurs représentations. Elles n’ont pas de noms mais de mystérieux numéros qui commencent à 816. A y regarder de plus près, elles se présentent comme des objets lointains dont la mise en scène clinique, la beauté minimale rendent toute familiarité impossible. Hors du contexte classique montrant un intérieur, elles produisent un effet proche de la Fontaine de Duchamp. Elles existent par elles-mêmes. C’est une honnête image d’un monde sans surprises, de salles d’attentes lugubres, d’ennui derrière des baies vitrées.

Des pages volantes/Juli 1966/inventer des nouvelles formes/Instituto Torcuato Di Tella/Buenos Aires

En 2007, quelques jours avant de partir à Berlin, je prends des photos des meilleures pages d’un livre prêté par Harisson, édité durant les années 60 qui nous donne à voir une DDR aux couleurs pop. Une fois sur place, on compare et il est alors plutôt étonnant de constater, selon les endroits, que si peu de choses aient finalement changées. C’est une ville pleine de contradictions et d’espaces écrits et réécrits par l’Histoire donc il aussi vrai qu’en remontant Invalidenstraße la semaine passée, j’ai vécu la douloureuse expérience de retourner dans un endroit connu, aimé je dirais presque et de ne plus rien y reconnaître. Que le souvenir ait si peu à voir avec ce qu’est devenu la réalité m’a fait me sentir seule. D’un autre monde. Mais…

Dimanche passé, me voilà à la Frankfurter Tor essayant de localiser l’emplacement de la mono-cabine des préposés à la circulation automobile. En bas, à gauche sur la photo noir et blanc. La découpe du parterre gazonné n’est plus la même. Pas facile de trouver des traces de fondations. Je me demande comment une archéologue s’y prendrait.

Bon, c’est une possibilité. Rien n’est sûr. Chouette, il faudra retourner sur le terrain.
vendredi, juin 10th, 2011
Un dépliant touristique nous vantant les paysages idylliques d’un pays patchwork que les nationalismes enflammèrent, qui connu la guerre, les massacres de masse et fini par disparaître en 2003.

Mais dans cette rue en pente de Sarajevo, les gens marchent avec une certaine insouciance, ils prennent toute la place, ce qui est bon signe et s’élancent vers la montée tout en discutant. Près de 45 années après que cette photo ait été prise pour le compte de la Fédération Touristique de Yougoslavie, je me demande si ce très beau minaret existe encore…


Notre nouveau disque sort ces jours. Un vinyl 3 titres sur le label Berlinois Doxa. Je chante sur un morceau qui s’appelle l’aurore. On prend de l’élan puis nous partons jouer à Zürich et à Berlin. L’aventure continue…

Les silhouettes donnent un ordre de grandeur. Minuscules humains dans d’immenses espaces remplis de vide, bientôt dédiés aux foules d’anonymes qui vont se croiser, se perdre sur les quais du salariat. Un ventre de baleine lumineux dont la hauteur nous tient en respect.

La légende nous dit: » Les sadhous Nagas, qui vivent nus, le corps recouvert de cendres. «

Un imprimé à la beauté complexe datant du XIX ème siècle.

Une photographie de Sharon Geczynski, 1999.