Morton Feldman

« Un intêret croissant pour les tapis du Proche et du Moyen Orient m’a amené à me questionner sur des notions que j’avais envisagées auparavant sur ce qui est symétrique et sur ce qui ne l’est pas. Dans les tapis nomades des villages anatoliens, l’intérêt pour l’exacte fidélité de l’image en miroir apparaît beaucoup moins net que dans d’autres régions où l’on produit des tapis. Le détail de l’image symétrique anatolienne n’est jamais mécanique, comme j’avais pensé, mais stylistiquement dessiné.

Une symétrie disproportionnée, que ce soit dans la rythmique ou la longueur de phrases, caractérise le développement musical du XX ème siècle. »

camouflage 2-2010

« Wolpe, mon professeur était marxiste et il pensait que ma musique était trop ésotérique à l’époque. Il avait son atelier dans une rue ouvrière à l’angle de la 14è rue et de la 6è avenue ; à cette époque – j’avais vingt ans -, je me suis mêlé au milieu artistique de Greenwich Village et tous ces gens là. Il habitait au second étage et, un jour que nous regardions par la fenêtre, il m’a dit : « Et l’homme de la rue, alors ? » Au moment où il disait cela Jackson Pollock traversait la rue ; l’artiste le plus cinglé de ma génération traversait la rue à ce moment précis. »

Extraits de Morton Feldman. 1998. Ecrits et paroles. Paris : Editions L’Harmatan.

Collage : Camouflage de Lucile Desamory, 2010.